Études • Le panel Internet LINK
Comment la population suisse se déplace-t-elle pendant une pandémie?
LINK • 1. mars 2021
En période de pandémie, la population est engagée à rester chez elle autant que possible et à limiter sa propre mobilité. L’obligation du télétravail adoptée le 18 janvier notamment ainsi que la prolongation de la fermeture des restaurants et des activités culturelles, sportives et de loisirs traduisent la gravité de la situation. Il est intéressant de déterminer si et dans quelle mesure la crise et les mesures prises ont un effet sur la mobilité effective de la population.
Le projet de recherche MOBIS:COVID-19, une initiative de l’EPF de Zurich et de l’Université de Bâle en collaboration avec LINK, se penche précisément sur la question à l’aide de la journalisation GPS et d’une application de carnet de voyage que les participants à l’étude utilisent en permanence. Depuis le 11 novembre 2020, le projet implique aussi des participants du panel LINK en vue de développer l’échantillon en continu, ce qui a permis l’élargissement de l’échantillon. L’étude est pondérée d’après les instructions communiquées par l’OFS et donc représentative de la population suisse.
Pendant la première semaine de confinement du 16 mars 2020, on remarque un fort recul des participants mobiles d’environ 20 points par rapport à la semaine précédente. Dès la deuxième semaine de confinement, la part des participants mobiles augmente à nouveau et se maintient avec le déconfinement du 11 mai 2020 à environ 5 points plus bas qu’avant la pandémie. Ni le port du masque obligatoire dans les transports publics adopté le 18 octobre 2020 ni le renforcement du télétravail pendant le deuxième confinement le 18 janvier 2021 ne s’accompagnent d’un recul aussi important.
La distance journalière moyenne suit le même modèle. Néanmoins, le nombre de kilomètres parcourus par jour depuis le début de la deuxième vague en octobre a baissé, certes légèrement, mais de manière continue. Alors que la distance parcourue par personne la première semaine après le confinement de mars 2020 a baissé, passant d’environ 35 kilomètres à 20 kilomètres à peine, le rayon de déplacement élargi a connu une nette augmentation. La perspective de nouvelles restrictions de la vie publique en octobre a fait à nouveau légèrement diminuer le rayon de déplacement. Une accentuation de cette tendance à la baisse pendant le deuxième confinement mi-janvier 2021 n’est pas visible. Une première hausse en semaine 6 indique plutôt une tendance opposée pointant vers un élargissement supplémentaire du rayon de déplacement de la population suisse.
Tous moyens de transport confondus, il apparaît que le premier confinement a entraîné une forte baisse de la mobilité de la population avant de revenir en été au niveau de la période de référence entre septembre et novembre 2019. Avec le début de la deuxième vague en automne, la mobilité connaît à nouveau un recul constant et atteint actuellement 40 %.
Si l’on observe l’évolution des kilomètres parcourus par moyen de transport, il apparaît que les transports publics (bus, train, tram) ont connu de loin la plus forte baisse due au premier confinement et qu’ils ont depuis à peine récupéré le terrain perdu. Ainsi, les kilomètres parcourus en train pendant le premier confinement en comparaison avec la période de référence de septembre à novembre 2019 ont diminué de 95 %. A -60 %, leur niveau reste encore nettement inférieur aux distances de la période de référence.
Le trafic individuel en revanche enregistre par comparaison des baisses moins prononcées pendant le premier confinement. Après les premières semaines de confinement, le vélo enregistre même un véritable boom qui, grâce à une analyse de l’Université de Bâle corrigée des facteurs météorologiques, peut être interprété comme une réaction à la situation sanitaire et non seulement comme une conséquence du temps plus clément.
Le nombre de déplacements par heure donne des informations sur la fréquence des déplacements pendant la journée ainsi que les pointes de trafic à certaines heures qui favorisent les encombrements du trafic (par ex. les embouteillages aux heures de pointe). On remarque là un effet positif de la pandémie, car les pics de trafic étaient nettement plus prononcés pendant la période de référence à l’automne 2019 (baseline). Pendant la pandémie, ces pics ont pu être lissés et la mobilité se répartit plus uniformément sur la journée. En janvier, les comportements de mobilité pendant la journée se rapprochent des habitudes «normales» d’avant la pandémie.
Enfin, l’étude s’intéresse à la variation de la distance journalière en fonction de la situation de travail sur site, en télétravail ou en mode hybride.
Il apparaît que les personnes qui télétravaillent limitent beaucoup plus leur mobilité que celles qui travaillent sur site. Cependant, lors du deuxième confinement, l’effet n’est pas aussi marqué que pendant le premier confinement du printemps 2020. Reste à savoir si la tendance de la semaine actuelle se confirme et que la mobilité des télétravailleurs continue de diminuer.
Le recul globalement plus modeste de la mobilité pendant la pandémie pourrait donc s’expliquer par un basculement du but de déplacement. Si l’on compare par exemple les personnes au chômage partiel, on observe une tendance à la mobilité accrue par rapport aux personnes bénéficiant d’un volume de travail normal. Cela suggère que ce temps libéré sert à d’autres déplacements que pour le travail.
Les résultats de l’étude montrent clairement que la population suisse a globalement réduit sa mobilité. Alors que la pandémie se prolonge, elle n’est plus disposée à une limitation drastique comme pendant le premier confinement.
MOBIS:COVID-19
Le projet de recherche MOBIS:COVID-19, une initiative de l’EPF de Zurich et de l’Université de Bâle, se penche sur le comportement de mobilité des Suisses à l’aide de la journalisation GPS et d’une application de carnet de voyage que les participants à l’étude utilisent en permanence. Le 16 mars 2020, 3700 participants, qui avaient déjà participé à l’étude MOBIS entre septembre 2019 et janvier 2020, ont été invités à installer à nouveau l’application pour smartphone «Catch-My-Day» développée par MotionTag. L’enregistrement volontaire de leur comportement de mobilité a permis de suivre les effets des différentes mesures pendant la pandémie. Près d’un an plus tard, la pandémie sévit encore et de nombreux participants font encore partie de l’étude. Depuis le 12 novembre 2020, LINK soutient le projet en tant que partenaire de coopération avec jusqu’à présent 393 participants supplémentaires issus du panel LINK.
Vous trouverez tous les résultats de l’étude avec des diagrammes interactifs directement sur le site de MOBIS:COVID-19.
Cela pourrait vous intéresser: